top of page

DE VIENNE À BROADWAY

Concert mis en espace

GERSHWIN * STRAUSS * FRIML * LEHAR * KORNGOLD * RODGERS & HAMMERSTEIN * KREISLER * KERN * STYNE

Avec Belinda Kunz mezzo-soprano & Valentin Mansard piano

Imaginant un couple de musiciens européens immigrés aux États-Unis, « De Vienne à Broadway » dresse un portrait touchant de l‘époque des grands classiques de la comédie musicale de Broadway et Hollywood. L‘histoire du genre est pleine d‘échanges fructueux et généreux, entre l‘Europe et l‘Amérique, qui, à la fin du XIXe siècle puis au XXe siècle, a été pour de nombreux artistes, musiciens et personnalités du showbusiness la terre de tous les possibles : Rudolf Friml est né à Prague, Korngold à Brno, Fred Astaire (de son vrai nom Frederick Austerlitz) à Omaha en 1899 d‘un père originaire de Linz en Autriche, George Gershwin (pseudonyme de Jacob Gershowitz) est né à New York en 1882 dans une famille de St. Petersbourg et se lie d‘amitié avec Alban Berg et Arnold Schönberg lors de son séjour à Vienne. Nombre de ces personnalités ont puisé dans leurs origines européennes et dans les ressources musicales de leur pays d‘accueil pour inventer la grande comédie musicale américaine.

À quelques incontournables du genre, comme Chantons sous la pluie, Un Américain à Paris, Show Boat ou Les Hommes préfèrent les blondes, répondent des pièces moins connues, et, en forme d‘écho empreint de nostalgie, leurs pendants viennois ou européens : l‘histoire d‘une aventure musicale et humaine et d‘une énergie si particulière qui a donné tant de joie et de courage, des générations durant, en des temps difficiles.

Note d’intention

"Chanteuse lyrique, j’ai grandi en regardant toute mon enfance et mon adolescence des films de Fred Astaire & Ginger Rodgers, Gene Kelly, Cid Charisse, Julie Andrews… le monde de Broadway transposé au cinéma, en noir et blanc puis en Technicolor. On y parle en chantant, on se fait la cour en dansant. Scènes de rêve, scènes de crime, voyages, mariages, vie de famille, déprime, travail… tout cela s’y fait en musique et en chorégraphies. Années 20, 30, 40, 50… les crises se succèdent et la vie n’est pas facile. En pleines périodes de misère ou de guerres, on venait au spectacle et au cinéma pour s’évader un peu, rêver beaucoup, et se décharger de ses soucis. Alors les heures les plus sombres devenaient plus légères.
Si nous n’avons plus aujourd’hui les décors superlatifs, les paillettes à gogo, les plumes, les machines à orages, les studios xxl, ni l’orchestre ou la troupe xxl, avec toute la frénésie qui régnait alors autant hors scène que sur scène, il nous reste de tout cela de magnifiques pièces de musique à l’énergie si particulière, dont nous livrons ici une interprétation intime. En transposant ce répertoire pour la formation plus « intérieure » du duo chant / piano, nous proposons un voyage dans un Broadway rêvé et imaginé.
Un voyage, notre tour de chant l’est à plusieurs titre : voyage dans le temps, voyage dans l’espace aussi, car le programme rend hommage aux racines européennes de la comédie musicale des origines, qui fut tissée de multiples influences, européennes et noires-américaines. Aux valses et romances se joignent les rythmes et harmonies du jazz et de danses populaires. La 42e rue, qui ouvre le programme après une brève réminiscence viennoise, croise Broadway. Elle est le lieu « où les bas-fonds se mêlent à l’élite ». Broadway, c’est cela aussi, un lieu de tous les possibles, où musique savante et musique populaires se conjuguent pour former un nouveau langage. Les compositeurs, parfois nés eux-mêmes en Europe ou de parents européens, emportent dans leur bagages toute une tradition d’opéra et d’opérette et tentent d’imposer un nouvel art lyrique populaire, nourri des chansons des guerres américaines, d’hymnes, de gospels, ou de chants de travail des champs de coton et minstrel shows.
Rendant hommage à cet art du métissage et à la veine « naïve » et légère qui transforme les difficultés de la vie en chansons à pêche qui donnent du coeur à l’ouvrage, nous portons plus spécifiquement ici notre regard sur les influences viennoises en ponctuant notre programme de quelques unes des plus belles pages du répertoire.

Quelques exemples dans notre programme… « Lover comme back to me », aujourd’hui connu comme standard de jazz, a été composée par Sigmund Romberg pour The New Moon. Né en 1887 à Nagykanisza en Autriche-Hongrie et mort à New York en 1951, Romberg a été formé au piano et au violon en Hongrie et a suivi des cours de composition à Vienne. Il émigre en 1909 aux États-Unis et travaille d‘abord comme pianiste dans les cafés, avant de fonder son propre orchestre et de signer de nombreux grands succès à Broadway. Créé en 1928, The New Moon raconte l’histoire d’un aristocrate français qui fuit son pays et se lie d’amour avec la fille d’un riche fermier de la Nouvelle Orléans.
Show Boat, dont nous interpréterons la chanson « Bill », est créée à Broadway en 1927 puis adaptée à Hollywood en 1951, comme ce fut souvent le cas. Vibrant hommage aux formes de théâtre musical américain des premières heures, Show Boat raconte l’histoire d’un bateau qui sillonne les eaux du Mississippi à la fin du 19e siècle, avec à son bord une troupe de danseurs et musiciens donnant des spectacles de ville en ville, et aborde les thèmes des injustices raciales et de la ségrégation. Jerome Kern, son compositeur, est né en 1885 à New York dans une famille originaire d’Allemagne. Les personnages paraissent, eux, tout droit sortis d’une opérette, avec ses jeunes premiers, ses personnages secondaires, ses fantaisistes.
« Huguette Waltz » est signée Rudolf Friml. Né en 1879 à Prague, alors dans l‘Empire Austro-Hongrois, Friml s’installe aux États-Unis en 1906 et meurt à Los Angeles en 1972. Répétiteur au Metropolitan Opera, concertiste au Carnegie Hall, il est l’auteur de nombreuses opérettes et comédies musicales à grand succès. The Vagabond King se passe quant à elle dans le Paris du 15ème siècle et a pour personnages principaux le poète François Villon et le roi Louis XI.
Erich Wolfgang Korngold, né en 1897 à Brno en Autriche-Hongrie, meurt à Hollywood en 1957. Formé à Vienne, présenté à Gustav Mahler et élève de Zemlinsky, il s’installe à Hollywood en 1936, dirige des opérettes à New York et compose pour le cinéma. Nous avons choisi pour notre programme un extrait de son opéra La Ville Morte.
Fred Astaire, danseur et chanteur de son vrai nom Frederick Austerlitz, naît le 10 mai 1899 à Omaha dans le Nebraska. Son père, un brasseur originaire de Linz, émigre aux États-Unis en 1892. Avec sa soeur Adèle, il débute à Broadway en 1917. Lady be good est créé en 1924 par Fred & Adele Astaire sur une musique du jeune George Gershwin, issu quant à lui d’une famille juive originaire de Saint Petersbourg. Quelques années plus tard, en 1928, Gershwin fait un grand voyage à Vienne où il rencontre Franz Lehar, Alban Berg et Arnold Schoenberg
."

Belinda Kunz

 

bottom of page